Journal de Melinda, chapitre 2.
Cher Journal ;
Ici la vie continue ; nous avons quelques soucis en ce moments, ce qui fait que je n'ai guère de temps pour griffouiller mes pensées. Oh, tout le monde va bien ; mais les zombies sont revenus.
Les zombies sont revenus ; ils reviennent périodiquement, à chaque pleine Lune, et ni l'hiver ni le gel ne les arrêtent. Ils semblent se multiplier à chaque fois ; et notre jardin vire au terrain vague. Il faudrait trouver une solution, mais quoi ? Les zombies, c'est pire que les sauterelles des sept plaies d'Egypte...
En plus, ces goinfres hideux, non contents de ravager notre belle récolte, errent auprès de la maison une fois leur quatre heures pris, en marmonant "cerveaux, cerveaux"... C'est carrément flippant, et je suis en rage. Maman est paniquée, elle n'ose plus sortir. Pourtant, il n'y a pas de risque, à moins franchement de le faire exprès. Les zombies, c'est lent comme des limaces. Et ça dévore les plantes à la même vitesse. Nos belles plantes bio, garanties sans insecticides, et hélas, sans zombicide.
Pourtant j'en ai cherché des solutions dans le manuel d'Alchimie, des recettes pour zombicides, des extraits de repousse-zombies... Rien. Je ne dois pas avoir poussé mes études assez loin, j'imagine. Il doit bien y avoir une recette magique quelque part...
Papa, lui, s'est lancé dans la magie alternative en désespoir de cause. "C'est dans les vieux chaudrons qu'on fait les meilleures potions !"....
Moi, je veux bien, mais pour l'instant, il a essentiellement trouvé la recette...de l'eau. Mouillée.
Celle qui supporte le plus mal la situation, c'est Meriem. Elle est convaincue que c'est sa malchance qui est responsable de tous les maux qui s'abattent sur notre famille - c'est à dire des zombies, parce que sinon, à par le rhume de Kimo et une attaque de punaises assassines dans les plants de tomates, nous n'avons pas eu à nous plaindre. Bref, elle consulte de désespoir la boule de cristal à longueur de journée, et se tire évidement des prédictions de plus en plus catastrophiques....
Papa, "aux grands maux les grands remèdes ! " a même essayé de chatouiller de sa baguette la pierre météorologique. Résultat, il pleut depuis trois jours. De l'eau. Mouillée. On avait déjà eu un printemps pourri. Bon, au moins, c'est bon pour les nappes phréatiques.
Cher Journal ;
Aïe. J'avais prévu une adolescence difficile pour Meriem, et bien, ça y est. Elle a complètement pété les plombs. Je sais que la mode "Dark Vegesims" fait rage au lycée, mais à ce point, sa tenue vestimentaire est un peu extrème. Et elle a complètement abandonné la boule de cristal pour aller lancer des oeufs sur la porte de Derwin, qui, avec son sens de l'humour légendaire, l'a mal pris.
Depuis qu'elle s'est fait remonter les bretelles par mon jumeau, elle se venge en piégeant systématiquement tous les objets de la maison. Maman dit que c'est sa façon d'exprimer son angoisse quant à l'avenir, aux problèmes financiers de la perte de la récolte, tout ça. Moi je dis que ça fait beaucoup de flaques d'eau. Mouillée.
Maman aussi essaie de trouver des solutions à sa façon. Elle transforme les poissons qu'elle pèche en lingots d'or. Moi je dis, au cours du homard, je ne sais pas si c'est rentable...
Au moins, ça a rassuré un peu Meriem, qui est revenue à ses occupations habituelles.
Pour fêter Halloween, j'ai entraîné mes trois pucerons dans un concours de sculpture de citrouilles. Ils ont participé avec enthousiasme. C'est pratique, ça les occupe quand il pleut (nous avons un automne pourri) et ça décorera la maison.
Donc, de gauche à droite, les citrouilles de Meriem ; Matheus ; et Sybille. Ben, j'aurais deviné juste. Faut croire que je les connais un peu...
Papa et Maman ont un grand principe : quand quelque chose ne va pas dans la vie, adoptez une bestiole ! On a toujours besoin d'un animal de plus à la maison, n'est ce pas ? Donc, Papa a craqué pour un autre petit chien, Mikka.
Bon, je critique, mais en vrai je suis trop fan de ce chien. L'est trop mimi !
Comme le temsp passe vite ! C'est déjà l'anniversaire de Matheus. Il devient adulte. Il va pouvoir fonder son propre foyer avec la jolie - quoi que électrique - Lola, même si entre eux c'est toujours un peu compliqué. Une vieille rengaine de "je t'aime moi non plus"...
Evidemment, toute la famille est réunie pour fêter ce grand moment. Bon, Maman sort tout juste du lit, mais elle s'est réveillée pour l'occasion,c 'est déjà bien. Elle fait des siestes de plus en plus longues, à son âge.
Mouais... Pour le foyer avec Lola la star du lycée, et les petits neveux, je peux me brosser. Matheus devient réticent à s'engager. "Je t'aime, moi non plus...."
Mais il quitte quand même la maison, vivre sa vie de grand. Snif... Il me manquera, mon petit frère chéri.
Bon, à part ça c'était une super fête, et même Brunehilde en a bien profité.
Je colle quand même une photo du nouveau logement de Mat... Avec un beau jardin où les zombies pourront s'épanouir...
Cher Journal ;
J'ai revu la magnifique licorne, mais j'arrive à peine à l'approcher. Je ne sais pas du tout comment l'apprivoiser. Peut-être devrais je étudier l'équitation ? Une licorne et un cheval, ce n'est pas tout à fait pareil, mais ça aiderait sans doute...
Après l'été, avec l'automne, Maman pêche, du moins quand elle ne dort pas. Elle a eu une vie très heureuse, mais je soupçonne qu'elle arrive à son terme. Elle a quand même déjà 88 jours... J'essaie de me préparer à l'inéluctable...
Sybille, au contraire de Meriem, est une ado très sociable, pas du tout plongée dans ses bouquins, qui a plein d'amis. Elle bavarde comme une pie, en classe et à la maison, à longueur de journée. Et quand elle est seule, elle bavarde encore. Avec le Miroir magique.
Moi, cher Journal, pour essayer de soulager Brunehilde, j'ensorcelle les principaux meubles de notre demeure. Et en matière de bricolage magique, on n'a pas à craindre de coup de marteau sur les doigts !
Et ouais, fallait que ça arrive. Mes pucerons partent les uns après les autres. C'est au tour de Meriem de devenir adulte.
Toujours sympa avec sa frangine, Sybille se moque d'elle. Elle lui a offert pour son anniversaire un flacon de potion magique anti rides. Toi, attends voir que je te prenne entre quat'z'yeux, et on reparlera de ton acné....
J'espérais un peu que Meriem choisirait de rester avec nous, du moins le temps de se marier, mais non. Elle est devenue avec la majorité extrêmement réticente au surnaturel. Compensation logique, hélas, de son absence de don et des innombrables prophéties funestes de la boule de cristal... Bref, elle s'en est allée.
On a quand même pu visiter sa fort jolie maison du centre ville, non loin de la demeure d'un certain Lewelyn. Je crois que je peux compter sur quelques neveux et nièces de ce côté là.
Cher Journal ;
Ce soir, c'est le bal du lycée, et Maman s'inquiète. Sybille n'est toujours pas rentrée à minuit passé. Moi, je rigole en douce ; je doute qu'un zombie soit dans le coup, ce n'est pas la pleine lune. Par contre, un certain blondinet du nom de Lyam Edmont...
Finalement, la belle est rentrée essoufflée, à une heure du matin, mais reine du Bal !
Elle s'ennuie, depuis le départ de Meriem, la petite Sybille. Elle passe son temps toute seule, à rêver du moment où elle quittera le nid...
Jouer seule, patiner seule, personne avec qui bavarder, que des vieux... Ce n'est pas une vie...
Parfois, du coup, pour attier notre attention, elle teste sa magie. Conclusion : un sortilège piège de glace sur une baignoire, ça donne des flaques d'eau. Mouillée.
Cher Journal ;
Chose à faire aujourd'hui : un bébé.
Nous en avons discuté, Orion et moi, et nous sommes d'accord : il est temps pour nous de devenir parents. Les pucerons ont grandi, Orion est à deux doigts de maîtriser la guitare après le pinceau, et nous en avons envie tous les deux, alors, en route ! J'espère que ce sera une fille...
Conclusion : je ne sais pas si c'est une fille, mais je confirme, cher Journal, je suis bien enceinte. Beuarps. Je voulais dire, chouette.
J'ai dis qu'Orion maîtrisait presque l'art délicat de la guitare, c'est vrai. Il passe désormais le plus clair de son temps à me jouer la sérénade et composer des berceuses pour le futur bébé. C'est plutôt agréable, mais pourrait-il arrêter de jouer quand je vais dans la salle de bains ?
Voilà, mon mari ( bien dressé !) a obéi à ma requête et m'a laissée vomir tranquille. Il enchante à présent mes oreilles dans le salon...
Pendant ce temps, je rends ininflammable la cheminée - ça devenait urgent, avec le tout petit qui va arriver....
Mais ce moment de bonheur a été interrompu tristement : à 91 jours, Maman nous quitte...
Je m'y étais préparée ; j'ai du chagrin, bien sûr, mais elle a eu une vie très heureuse...
Mais apparemment Papa n'avait rien vu venir. Il devait être convaincu de partir avant elle... Bref, il était désespéré, et fou de rage, au point d'aller agresser la Faucheuse !
Sérieusement, j'ai bien cru qu'ils allaient en venir aux mains, et que j'allais perdre mes deux parents le même jour... Mais la Faucheuse, peu enthousiaste à l'idée de se prendre des claques, a préféré disparaître.
Evidemment, Papa était inconsolable.
Et me voilà enceinte, avec mon vieux père vieillissant, en deuil, avec pour m'assister pour l'accouchement imminent Orion... Et une sorcière de seize ans.
Bon, toutes les femmes y arrivent, et toutes les sorcières aussi. Et, honnêtement,je n'ai pas le temps de me faire du souci par avance, avec Rinna, Kimo et Mikka qui ne comptent que sur moi...
Cher Journal ;
Accoucher, ça fait maaaal ! Et franchement, pour l'aide apportée par Papa et Orion, on pourra repasser.... Sybille s'est défilée sous prétexte d'aller au lycée, et les deux empotés n'ont même pas été fichus de faire bouillir de l'eau !
Enfin, tout est bien qui finit bien, et j'ai donné le jour à une fille, Béatrix, artiste et allergique à la nature, tout le portrait de son papa !
Heureusement d'ailleurs qu'elle est là, ça a redonné un peu de joie de vivre à mon père. Il la gâte outrageusement.
En plus, il supporte mal de voir sa petite dernière partir à son tour... Et oui, Sybille devient majeure ... Là, même le gâteau n'a pas suffi à faire s'arrêter de bouder papa.
Je dormais, épuisée, et Aedric boudait... Heureusement que mon mari était là pour soutenir la petite !
Et elle a acquis mon célèbre sens de l'humour... Brave enfant ! je lui pardonne d'être parfois incorrecte.
Faute d'argent, elle n'a pu emménager que dans la plus petite des cabanes du coin... C'est dur d'être la dernière dotée ! Mais au moins, c'est chez elle, et elle y est seul maître à bord.
Je lui ai dis au revoir.... J'espère qu'elle viendra pour mon prochain accouchement car, cher Journal, je suis à nouveau enceinte.
Cher Journal ;
Papa est parti à son tour sans tambour ni trompettes; il s'est éteint dans son sommeil.
Personne n'a boxé la faucheuse, cette fois ci. Elle, pas rancunière, à emporté Papa avec douceur. J'espère moi aussi mourir dans mon lit.
L'accouchement est imminent, et je suis seule dans cette grande maison, avec mon bébé dans la nursery. Orion est parti jouer à la fête du village. Il parle de se mettre au violon maintenant.
Je confirme : accoucher, ça fait maaaaal !
Mais ma seconde fille, Maelys, est née sans problème. Elle est belle comme le jour, artiste et excentrique, de vieux traits familiaux. J'espère qu'elle reprendra la ferme plus tard.
Je vais te quitter, Cher journal, les biberons m'attendent. Quant à la licorne... J'espère la revoir un jour.